Prévenir la surexposition aux écrans

Sur cette page, Elise CADIMA,  orthophoniste et membre d'OPAL, nous fait part des conséquences que génère la surexposition aux écrans sur le développement cognitif de l'enfant.

Elle propose par ailleurs des liens vers des sites internet ressource. 

Quelques chiffres à l'appui et des conseils simples viennent clôturer le texte que voici :

 

Multi-média ou multi-sensoriel ?

 

            Et petit d’homme vient au monde... assoiffé de découvertes, de jeux, d’aventures, d’apprentissages et de rencontres aussi exceptionnels que quotidiens. Un « arc-en-ciel » de sensations s’offre à lui : des odeurs, des lumières, des sons, des voix, des sensations tactiles et corporelles, des frissons, du goût, des chaleurs, des émotions. Il est soulevé, transporté, regardé, câliné. On lui parle, on le dorlote, il touche, il prend, il sent, il ressent, il voit, il regarde, il entend, il écoute, il bouge et tranquillement, sur de longs mois, des années, il construit son humanité avec application. Une humanité qui s’exprime dans un corps et un esprit au travers de relations. Au gré des expériences, il comprend le monde qui l’entoure et y prend sa place. Le développement humain est un petit miracle qui se renouvelle pour chaque être dans l’admiration de ceux qui l’entourent.


            Mais aujourd'hui s’offre une dimension supplémentaire qui fait concurrence au monde réel : celle de l’écran. Objet quasi magique qui concentre à lui seul tant de sensations fortes et plaisantes ; objet convoité et adoré par tant de petits et de grands. Et pourtant, ces petits bijoux de technologie ne sont-ils pas finalement qu'une pâle copie des richesses du réel ?

            L’air de rien, ils détournent nos petits de leurs explorations et nous font nous-mêmes détourner le regard de leurs exploits.

            C’est tellement pratique de pouvoir confier notre petit « agité » à cette nounou apaisante ! On est libre, on peut vaquer à ses obligations en toute sécurité. Et puis, l’enfant est tellement reconnaissant, il manifeste tant de plaisir à la vue de ce jouet précieux ! Quel bonheur de lui offrir ce cadeau-bijou ! Toutes les autres activités paraissant alors bien fades...

 

            Orthophonistes, éducateurs, enseignants, pédiatres ne s’y trompent plus. La liste des effets délétères d’une surexposition aux écrans s’allonge : des voix s’élèvent, s’offusquent, mais les pratiques n'évoluent pas encore et les ventes de tablettes ne font qu’augmenter. Les écrans : télévision, tablette, téléphone, console ne s’éteignent finalement qu’avec le sommeil !

            Au-delà du fait que les contenus ne sont quasiment jamais adaptés et que les ondes pourraient s’avérer désastreuses pour notre santé, c’est avant tout le temps perdu devant les écrans qui perturbe considérablement le développement cognitif des petits. Moins d’explorations, moins d’interactions et une captation de l’attention involontaire pouvant conduire à des comportements de retrait relationnel, mais également à des troubles du langage et de la cognition.

            Il est urgent de réagir pour offrir à nos enfants ce dont ils ont vraiment besoin : du temps. Un temps précieux pour développer une  pensée logique et organisée, une dextérité manuelle, une communication et un langage précis, une sécurité affective et psychologique.

 

            Voici ici un lot d’articles qui rappellent qu’à tout âge, éteindre l’écran est une nécessité incontournable :

 

Dès la maternité, pour permettre un attachement sécure : site Yapaka.be

 

Dans la petite enfance, pour laisser libre cours à ses explorations, le Dr Ducanda prend le temps de démontrer les effets nocifs des écrans avant 4 ans :

version longue (20 min)

version courte (9 min) 

 

Des limites simples à avoir en tête : le 3-6-9-12 de Serge Tisseron

 

Des règles simples à mettre en pratique après 4 ans : Les « 4 pas pour mieux grandir » 

 

Et enfin, le collectif COSE, à rejoindre à tout prix.

 

Alors éteignez vos écrans pour ce temps béni de l’enfance, offrez la variété sensorielle de notre monde, laissez les petites mains travailler, admirez leurs exploits et surtout… Pensez à lui lire quotidiennement une histoire !

           

 

Elise CADIMA, orthophoniste, membre d’OPAL, novembre 2017

 

 

En résumé :

 

Quelques chiffres :

- 864 heures, c’est temps annuel passé par un enfant à l’école maternelle et élémentaire

-1200 heures, c’est le temps annuel estimé passé devant les écrans par ces mêmes enfants

 

Exposition aux écrans des enfants de moins de 4 ans :

 télévision, tablette = 2D

le cerveau qui se développe a besoin de l’information en profondeur (3D) (Maurer & Lewis, 2001)

- les images apparaissent si rapidement que l’oeil n’a jamais de temps de repos (immaturité des récepteurs sensoriels, de l’oculomotricité)

la vitesse de défilement des images génère un stress ainsi qu’une grande fatigabilité attentionnelle

le contenu des programmes est souvent beaucoup trop abstrait pour le niveau de compréhension des enfants

on n’apprend pas à parler devant la télévision = elle rend passif et ne permet pas les interactions

la surexposition aux écrans favorise l’isolement, la frustration, et, par voie de conséquence, la colère voire des comportements agressifs de la part des enfants

 

Exposition des enfants plus grands :

on peut choisir un programme, le regarder ensemble, s’y restreindre, et en discuter ensuite en famille

certains moments de la journée sont néanmoins à éviter : le matin avant l’école, pendant le temps des repas, juste avant le coucher

pas de téléviseur dans la chambre des enfants : répercussions sur la qualité et le temps de sommeil, et donc sur les apprentissages

les enfants agissent par mimétisme : aussi on ne peut pas leur reprocher de trop regarder la télévision lorsque l'on est soi-même fréquemment devant les écrans (recherche de cohérence)

l’inactivité augmente le risque de surpoids, 1/4 d’endurance cardiaque perdue en moyenne par manque d’activité physique

 

diminution de la créativité objectivée par les neurosciences au delà de 60 min de télévision par jour (étude comparative de dessins du bonhomme d’enfants du même âge avec ou sans temps d’exposition quotidienne > 1h)